Bien préparer sa retraite lorsqu’on est entrepreneur : ce qu’il faut savoir

Bien préparer sa retraite lorsqu’on est entrepreneur : ce qu’il faut savoir

En France, la question de la retraite suscite de nombreuses interrogations, en particulier chez les entrepreneurs et les travailleurs indépendants qui ne bénéficient pas du même cadre que les salariés. Avec plus de 3 millions de travailleurs indépendants en 2017, la préparation de la retraite représente un enjeu majeur. Comment fonctionne le régime actuel ? Quels sont les leviers pour optimiser sa future pension et sa fiscalité ? Quels produits d’épargne privilégier ? Nous vous avons listé les informations essentielles à connaître pour éviter les principaux pièges.

Un régime refondu pour les indépendants depuis 2020

Jusqu’en 2018, les travailleurs indépendants dépendaient du RSI (Régime social des indépendants), subdivisé en 29 caisses. Désormais, c’est la Sécurité sociale des Indépendants (SSI) qui a repris la main, intégrée en 2020 à l’Assurance retraite (source : Selexium.com). Ce changement, purement administratif, n’a pas modifié les droits des assurés. Il rationalise toutefois les démarches, en offrant un interlocuteur unique et plus lisible.

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Par ailleurs, la loi de finances pour 2022 a instauré de nouvelles mesures de soutien, dont la suppression de l’EIRL au profit d’un statut unique protégeant le patrimoine personnel. Des assouplissements ont également été apportés à l’Allocation des travailleurs indépendants (ATI) et des dispositifs visant à faciliter la reprise d’entreprise ont vu le jour.

L’impact de la crise sanitaire sur les droits à la retraite

La crise du Covid-19 a fragilisé de nombreux indépendants, en particulier ceux contraints à la fermeture administrative. Cette baisse de chiffre d’affaires s’est mécaniquement répercutée sur les droits à la retraite, ceux-ci étant conditionnés à la validation de trimestres déterminée par les revenus.

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En réponse, le gouvernement a maintenu les droits des travailleurs indépendants pour la période 2020-2021, assurant qu’ils ne seraient pas pénalisés. L’article 107 de la Loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 confirme cette mesure exceptionnelle.

Conditions et âge de départ : ce qui a changé avec la réforme des retraites

La récente réforme des retraites a porté l’âge légal à 64 ans pour les personnes nées à partir du 1er janvier 1968 (contre 62 ans auparavant), tandis que l’âge du taux plein automatique demeure à 67 ans. Pour obtenir une pension à taux plein, un nombre de trimestres compris entre 162 et 172 est nécessaire selon l’année de naissance. Sous conditions, il est possible de partir dès 58 ans en retraite anticipée.

Pour rappel, les indépendants, artisans et commerçants dépendent aujourd’hui du régime général intégré. Ils relèvent donc des mêmes règles d’âge que les salariés, avec la nécessité de cesser leur activité professionnelle au moment de la liquidation de la pension, à quelques exceptions près.

Calcul de la pension : entre régime de base et complémentaire

Le calcul de la pension de base des indépendants alignés sur le régime général se fait selon les mêmes modalités que les salariés pour les droits acquis après 1973. Les 25 meilleures années de revenu sont retenues pour déterminer le Revenu Annuel Moyen (RAM). Le taux de liquidation, à taux plein, atteint 50 % du RAM, ajusté au prorata des trimestres validés.

Avant 1973, le système fonctionnait par points. Le montant global de la retraite résulte donc de l’addition d’une pension « ancienne formule » (points) et d’une pension « nouvelle formule » (alignée sur le régime général).

Sur la retraite complémentaire, les indépendants cotisent également sur un système de points. Depuis 2013, artisans, commerçants et industriels bénéficient du même régime complémentaire. Les cotisations varient selon le revenu et sont réparties en deux taux : 7 % sous un certain plafond et 8 % au-delà, jusqu’à quatre fois le Plafond Annuel de la Sécurité sociale (PASS). En 2024, le PASS s’élève à 47 100 €.

Les polypensionnés, micro-entrepreneurs et conjoints collaborateurs

Les carrières mixtes (salarié / indépendant) ne sont pas rares. Depuis le 1er juillet 2017, le dispositif de liquidation unique des régimes alignés simplifie la situation des polypensionnés, qui n’ont plus qu’un seul interlocuteur.

Le micro-entrepreneur, affilié au régime général pour la retraite de base comme la complémentaire, voit ses trimestres validés en fonction de son chiffre d’affaires. Quant au conjoint collaborateur, il cotise selon plusieurs options, du tiers au demi du revenu de l’assuré principal, permettant ainsi d’ajuster sa future pension.

Les professions libérales relevant de la Cipav ont jusqu’à fin 2023 pour exercer leur droit d’option entre la Cipav et la SSI. Cette liberté s’accompagne de changements de taux de cotisation et de valorisation des retraites. Le choix n’est donc pas anodin.

Anticiper sa retraite en complémentant ses revenus

Même avec un taux plein, le montant de la pension retraite d’un indépendant peut être sensiblement plus faible que son revenu d’activité. D’où l’importance d’anticiper et de se constituer une épargne tout au long de la carrière.

Le Plan d’Épargne Retraite (PER)

La loi Pacte de 2019 a simplifié et harmonisé les dispositifs d’épargne retraite. Le PER, désormais produit unique, permet d’épargner librement pendant la vie active, avec des avantages fiscaux à l’entrée (déduction des versements du revenu imposable) ou à la sortie (fiscalité réduite en capital). À terme, les fonds peuvent être récupérés en rente ou en capital.

Les placements financiers

Pour diversifier, les indépendants peuvent se tourner vers l’assurance-vie, placement préféré des Français, ou encore le Plan d’Épargne en Actions (PEA) pour les plus « boursicoteurs ». Le but est d’obtenir un complément de revenu au moment du départ. Attention néanmoins au risque sur capital dans le cas du PEA.

L’immobilier et les SCPI

L’investissement immobilier, en direct ou via des Sociétés Civiles de Placement Immobilier (SCPI), est une autre option pour générer des revenus complémentaires réguliers. Le choix d’investir progressivement, dans la durée, permet de lisser les risques et de bénéficier de la capitalisation des intérêts.

Compléter sa protection : santé et dépendance

Au-delà de la simple pension, la santé à la retraite est un poste crucial. Les besoins évoluent et l’apparition de dépenses de santé spécifiques incite à souscrire une complémentaire santé adaptée (Source : AXA). Les mutuelles seniors offrent un large éventail de garanties (optique, dentaire, audition, hospitalisation) ainsi que des services associés (téléconsultation, assistance à domicile).

Cinq règles d’or pour une retraite sereine

  1. Anticiper tôt : plus vous commencez jeune, plus vous lissez votre effort d’épargne.
  2. Diversifier : ne misez pas tout sur un seul produit. Combinez PER, assurance-vie, PEA, immobilier.
  3. Adapter son épargne à son profil : ajustez la part de placements risqués ou sûrs selon votre âge et votre tolérance aux risques.
  4. Suivre les évolutions législatives : les réformes modifient régulièrement les conditions de départ et de calcul de la pension.
  5. Se faire accompagner : Eexperts, conseils financiers, notaires ou experts-comptables peuvent aider à optimiser la stratégie retraite.

Dans un contexte où la pérennité du système par répartition est régulièrement interrogée, diversifier ses investissements, se renseigner sur les dispositifs fiscaux et protéger sa santé avec une complémentaire adaptée restent les clés d’une retraite sereine et économiquement viable.